Album Celestial des Rennais Mantra : au rythme des astres entre effondrement et renaissance

Avec ce **concept-album Celestial **en quatre volets, dévoilé aux solstices et équinoxes entre septembre 2024 et juin 2025, Mantra signe une création à la fois musicale, symbolique et scénique. Né de cinq années de maturation, Celestial est moins un album qu’un voyage progressif et mystique structuré comme un mythe moderne, entre collapse et lumière.
Un récit en quatre saisons
Automne : Fall ouvre le cycle avec des morceaux denses et prophétiques ( Messenger , Premonition , Illumination ) où la tension dramatique s’installe sur des fondations rythmiques complexes.
Hiver : Winter enfonce le clou, notamment avec Vessel , pièce magistrale de plus de 8 minutes, véritable traversée intérieure.
Printemps : Spring étonne par sa douceur instrumentale et sa fusion inattendue d’oud et de piano, qui rappellent la quête d’un monde perdu.
Été enfin : Summer , ultime acte publié le 21 juin 2025, conclut le récit avec deux titres contrastés ( Transcendence et Celestial ), lumineux, solennels, presque rédempteurs.
Le projet forme une boucle : le motif de Premonition réapparaît au seuil de Summer , clin d’œil à une écriture musicale cyclique, à la fois progressive et symboliste.
Musicalement, Mantra synthétise les héritages de Tool, The Ocean et Pink Floyd sans jamais se laisser dominer par eux. Le groupe franco-suisse-breton (Pierre et Gabriel Junod, Simon Saint-Georges, Arthur Lauth) affirme son identité par une approche polyrythmique, des envolées instrumentales pensées comme des récits. L’album, mixé par Arthur Lauth et masterisé par Ronan Cloarec, est aussi une expérience physique : des crescendos qui s’effondrent, des textures qui frottent, des respirations qui suspendent le temps.
Le projet Celestial ne se limite pas au disque : il se déploie sur scène dans une mise en scène dirigée par Annabelle Piery, accompagnée par la chorégraphie de Melvin Coppalle. Ce concert-spectacle, présenté en avant-première à l’Antipode (et au Hellfest 2025), prolonge la dimension rituelle du projet. Il s’y joue un théâtre d’effondrement où musique, danse et lumière composent un monde en ruines, mais pas sans beauté.Loin d’un simple récit post-apocalyptique, Celestial interroge la condition humaine contemporaine : comment vivre dans un monde où tout semble basculer ? Faut-il renoncer ou transfigurer ? À travers la succession des saisons, Mantra met en scène le combat entre la conquête destructrice et la sobriété salutaire.
À écouter en priorité :
– Vessel : tour de force émotionnel et technique
– Home : pièce maîtresse du printemps, 15 minutes d’ascension lyrique
– Celestial : apaisement final, à la frontière du rêve et du renoncement