Surtaxe : Michel-Edouard Leclerc dénonce un "chantage" de Bernard Arnault

Surtaxe : Michel-Edouard Leclerc dénonce un "chantage" de Bernard Arnault

Tax statement. Credits: Unsplash.

Paris - Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a critiqué la menace de quitter le pays émise selon lui par le PDG de LVMH Bernard Arnault et assuré qu’aucun patron des magasins E.Leclerc ne ferait “un chantage comme ça”, vendredi sur LCI.

“Ce n’est pas forcément positivement impactant d’avoir un des hommes les plus riches de France qui dit: ‘si ça ne le fait pas, je quitte le pays’ “, a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur LCI. Interrogé pour savoir s’il parlait bien de Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui a estimé mardi que le gouvernement mettait en place une “taxe sur le made in France” qui “pousse à la délocalisation”, Michel-Edouard Leclerc a répondu par l’affirmative.

Il a ensuite poursuivi: “vous ne m’entendrez jamais dire ça. Je parle à titre personnel mais je pense que tous les chefs d’entreprise des Leclerc, Intermarché, (Coopérative) U, Intersport” (toutes ces enseignes sont composées de chefs d’entreprise indépendants, NDLR), “on est des gens de terroir, on sait d’où on vient et ce qu’on doit à notre pays, il n’y a aucun d’entre nous qui ferions un chantage comme ça”.

Mardi, en marge de la présentation des résultats 2024 de LVMH, Bernard Arnault avait comparé la situation en France avec celle aux Etats-Unis , où “les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’Etats et le président (Trump) encourage ça”.

“Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal !”, a-t-il dénoncé. “C’est la taxation du made in France.”

M. Arnault faisait allusion à la surtaxe d’impôt sur les sociétés, prévue, pour les plus grosses, dans le budget actuellement en préparation en France pour l’année 2025. Cette surtaxe devrait rapporter quelque 8 milliards d’euros à l’Etat cette année.

Lire la suite sur fashionunited.fr

Surtaxe : accusé de “chantage”, Bernard Arnault met les points sur les i

En 2019, Le président américain Donald Trump serre la main du directeur général de LVMH Bernard Arnault lors d’une visite de la nouvelle usine Louis Vuitton à Alvarad. Credits: NICHOLAS KAMM /AFP Paris Le PDG de LVMH Bernard Arnault a tenu à mettre les points sur les i vendredi concernant ses propos sur la surtaxe prévue dans le projet de budget pour 2025, après avoir été accusé de faire du “chantage” en déclarant qu’une telle taxe incitait à délocaliser.

“Je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe LVMH. Cette affirmation est fausse”, a déclaré sur X le patron du numéro un mondial du luxe. “C’est précisément parce que j’aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j’ai tenu à alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives”, a-t-il dit, en allusion à la surtaxe d’impôt sur les grandes sociétés censée rapporter 8 milliards d’euros à l’Etat en 2025.

Mardi, comparant les Etats-Unis et la France en marge de la présentation des résultats annuels de LVMH, il avait dénoncé cette surtaxe: “Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est quand même à peine croyable, on va taxer le made in France. (…) Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal !”.

Il avait souligné revenir des Etats-Unis, où il a assisté à l’investiture de Donald Trump avec deux de ses enfants, et où “les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’Etats”. Sur X vendredi, il a martelé: “Ce que j’ai dit, c’est que les mesures fiscales envisagées sont une incitation à la délocalisation, puisqu’elles taxent le Made in France mais pas les entreprises françaises délocalisées”. Il a rappelé que LVMH emploie directement et indirectement près de 200.000 personnes en France, ce qui en fait “le premier recruteur privé” du pays.

Quant aux Etats-Unis, ils représentent un marché colossal pour LVMH, comme pour tout le secteur du luxe. LVMH y a réalisé en 2024 avec ses marques de maroquinerie (Louis Vuitton, Dior, Celine…), vins et spiritueux (Moët & Chandon, Ruinart, Krug…), bijoux et parfums un quart de son chiffre d’affaires annuel de 84,7 milliards d’euros. Le groupe y emploie 43.000 collaborateurs et possède 1.182 boutiques, 7 ateliers (trois Louis Vuitton et 4 Tiffany), quatre vignobles et trois distilleries de Whiskey.

“La bureaucratie…”

Comparé aux Etats-Unis, “quand on revient en France, c’est un peu la douche froide”, avait dit le milliardaire mardi. La surtaxe représenterait entre “700 millions et 800 millions d’euros” pour LVMH, selon le groupe.

Les propos de M. Arnault ont été largement commentés depuis mardi. Le président du Medef juge qu’il “a raison” et que “l’incompréhension tourne à la colère” parmi les adhérents de l’organisation patronale. A l’opposé, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet estime que “ce chantage à l’emploi, on n’en peut plus”.

Vendredi, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a lui aussi évoqué “un chantage”: “ce n’est pas forcément positivement impactant d’avoir un des hommes les plus riches de France qui dit: ‘Si ça ne le fait pas, je quitte le pays’ “, ajoutant qu’aucun patron des magasins E.Leclerc ne ferait “un chantage comme ça”. Cinglant, Bernard Arnault lui a répondu sur X: “Quant à Monsieur Leclerc, puisqu’il semble vouloir défendre les PME françaises, je lui conseille de vendre dans ses supermarchés davantage de produits français et d’arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir d’eux des prix toujours plus bas.”

Se disant “surpris” par la fronde de grands patrons dont Bernard Arnault contre cette surtaxe, le ministre de l’Economie Eric Lombard a lui souligné vendredi qu’il s’agissait d’une version allégée par rapport à ce que prévoyait le gouvernement Barnier, puisque cet “impôt exceptionnel sur les grandes entreprises” n’aura cours qu’un an, et non deux. Bernard Arnault semble peu convaincu. “On dit que ça va être annuel mais personne n’y croit, une fois qu’on a augmenté les impôts de 40%, qui va les baisser de 40%?”, avait-il lancé mardi.

“On leur a proposé d’autres solutions mais évidemment la bureaucratie…”, avait-il glissé, sans détailler ces solutions, ajoutant: “Il faudrait faire comme aux Etats-Unis, nommer quelqu’un pour slasher un peu la bureaucratie. Mais dès qu’on essaie de faire ça… on est poursuivi, c’est impossible”.

Lire la suite sur fashionunited.fr